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Le manifeste

Parfois, pour rendre les choses réelles, on a besoin de les dire ou de les coucher sur le papier. Quand on a un projet, le formaliser est un bon moyen de garder le cap.

© Adobe Stock

Manifeste : nom masculin
(italien manifesto, déclaration, du latin manifestus)

Proclamation destinée à attirer l’attention du public, à l’alerter sur quelque chose.

Quand je me suis rendu compte que j’en étais venu à détester mon job, j’ai commencé à me demander comment faire pour sortir de cette situation.

Un peu par hasard, on m’a demandé de rédiger un texte pour le prochain numéro d’un journal associatif dont le thème était « Sortir du salariat« 

Je me suis mis devant mon éditeur de texte et j’ai attendu que l’inspiration vienne. Je cherché mille fois une première phrase : j’écrivais, j’effaçais, je réécrivais, etc.

Et d’un coup, sans trop savoir d’où ça venait, je me suis mis à écrire. On m’avait limité à deux pages, j’en ai écrit quatre.

J’ai donc dû couper dans la chair de mon texte pour n’en sortir que la substantifique moelle.

Et ce texte, venu de nulle part, a été le déclencheur ultime pour moi !
J’avais mon manifeste, ce texte qui formalisait clairement que j’allais changer des choses dans ma vie professionnelle.

Le voici :

Je dois me rendre à l’évidence. Je n’aime plus mon métier et il ne m’aime plus non plus.
Lui et moi avons connu l’amour, du moins au début.
Peu à peu nous nous sommes enfermés dans l’habitude jusqu’à ne même plus nous parler.
Alors nous allons divorcer.

Maintenant que la décision est prise, que faire ?

J’ai été conditionné depuis petit : je devais choisir un métier que j’allais faire toute ma vie. Comme salarié, parce que c’est plus aisé.

Alors j’ai fait ça.
Mais maintenant qu’on divorce. Je fais quoi ?

Je tourne le problème dans tous les sens. J’approche la quarantaine. J’ai une famille, une maison et des factures à payer. Mais je n’ai qu’un seul diplôme, pour un seul métier.
Je me ferais bien une année sabbatique à l’autre bout du monde, histoire de prendre le temps d’y réfléchir. Mais je ne peux pas. Alors je fais quoi ?

Depuis ma plus tendre enfance, je fais de la musique. Mais ce n’est pas un métier. On me l’a bien assez répété.
J’aime écrire. J’ai une dizaine de débuts de romans, des scénarios et plein d’idées, mais ça non plus, ce n’est pas un métier.

Je sais, il y a bien des gens qui en vivent, mais ces gens-là ne sont pas comme moi. On n’est pas fait de la même étoffe. Il faut du courage pour se lancer dans ces métiers-là. Et moi, je suis un couard.

Quand j’étais à la fac, j’ai recroisé un copain du collège. Il m’a annoncé travailler dans une sandwicherie. Je pensais que c’était son job d’étudiant. Mais non, il travaillait dans cette sandwicherie dans l’idée d’apprendre le métier et de la racheter.
J’étais un peu choqué. Je découvrais qu’on pouvait entrer dans une sandwicherie et manger, mais qu’on pouvait aussi l’acheter.
Pour certains c’est une évidence. Pour moi c’était une révélation.
Je réalisais qu’il fallait bien un employeur pour pouvoir être employé. Et que ce futur employeur-là n’était pas si différent de moi ! Ah si, lui était courageux, pas moi…

Cette discussion est restée dans un coin de ma tête, elle ressortait parfois comme ça, sans prévenir.
Du bout du doigt, je la remettais délicatement à sa place. Mais d’un coup elle m’est revenue en pleine face.

Mon copain du collège a-t-il un diplôme en confection de sandwich ? A-t-il d’ailleurs toujours sa sandwicherie ? Il a dû en ouvrir une centaine depuis… Pourtant on ne lui a jamais demandé son diplôme, à lui !

Après recherches et retrouvailles, il tient une chambre d’hôte. Et il a l’air heureux. J’ai l’impression qu’il a vécu dix vies professionnelles passionnantes alors que je n’en ai vécu qu’une, décevante.

Et puis ça me frappe : Mon métier n’a pas besoin d’un code ROME pour exister. Je peux être musicien ! Je peux être écrivain ! Je peux être les deux : écrivicien ou musivain, je trouverai le nom et son code ROME plus tard ! J’écrirai des livres avec ma guitare ! Je veux ! Je peux !
Je… Mais… Mais, je suis toujours peureux…

Comment s’y prendre ? Comment y arriver ? Et si je me plante ? Et si… Et si…

Je reprends toutes les chansons que j’ai composées ces trente dernières années. Je fais le tri. J’en compose de nouvelles. Je compose de la musique à destination du cinéma ou de la télévision sans avoir la moindre commande.
Je chante ou joue sur les disques des autres.
Je contacte tous les labels, radios, chaînes télé, blogs ou sites pour que ma musique puisse commencer à me faire vivre.
Je commence à écrire ce scénario de jeu vidéo que j’ai en tête depuis si longtemps. Je le proposerai à des studios !
Je vais écrire ces livres qui s’entassent dans mon cerveau !
Je veux écrire des chroniques musicales pour des journaux !
Je travaille dès que je peux, je dors trop peu. Mais je le fais ! Parce que je le veux !

Tout ça doit sortir de ma tête et devenir une réalité. Parce que tout ça, c’est moi. Je me suis interdit d’être moi pendant trop longtemps pensant que ça n’avait pas de valeur.
Mais aujourd’hui, je veux vivre de ce que je suis, sans peur.

Je fais mon coming out : je suis Musicien/Écrivain et bien plus encore, je le crie haut et fort ! Adieu, vieux métier ! Je vais me libérer ! La peur n’a plus droit de cité !

Alors, me demanderez-vous… Ça a marché ?

Les choses changent, mais je cohabite encore avec mon vieux métier.
On se reparle, sans plus jamais s’aimer.
Je serai peut-être en instance de divorce toute ma vie ou bientôt fraîchement divorcé, pour le meilleur ou pour le pire.
Mais baisser les bras serait mourir. Un peu.

Quand on veut changer de vie, seul l’échec est acquis.
Et il n’y a qu’une façon d’en changer. Se lancer. Parole d’un ancien trouillard patenté.

Prenez la décision de changer ce qui ne va pas dans votre vie.
Décidez ce que vous allez faire pour y arriver.
Écrivez-le, notez-le quelque part pour ne pas l’oublier et pouvoir y revenir quand vous douterez.
Puis criez-le au monde, à l’Univers : Vous allez changer de vie pour le mieux !

Et vous ? Quel sera votre manifeste ?

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